Abus sexuels dans l’Eglise : La Conférence des évêques de France annonce son programme de réparation

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Lundi 8 novembre, les évêques de France réunis à Lourdes ont voté des mesures importantes dans la lutte contre les abus sexuels dans l’Eglise.

L’Assemblée plénière d’automne des évêques de France s’est tenue du mardi 2 au lundi 8 novembre 2021 au sein du sanctuaire de Lourdes. L’occasion pour les évêques de revenir sur le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (CIASE).

Un peu plus d’un mois après la publication du rapport de la CIASE, ils ont voulu « se mettre sous la Parole de Dieu qui les pousse à agir en prenant les mesures pour que l’Église accomplisse sa mission en fidélité à l’Évangile du Christ », et ont reconnu leurs responsabilités en tant qu’évêques dans ce contexte.

À l’issue de cette semaine de travail, lors de la conférence de presse qui a eu lieu lundi et avant de présenter les mesures votées quelques heures auparavant pour lutter contre les violences sexuelles, Mgr de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF), s’est attardé sur la photo d’un enfant en larmes affichée sur l’écran derrière lui.

« Cet enfant pleurait seul, caché sous les voûtes d’une cathédrale. Quelqu’un l’a photographié, quelqu’un qui s’est reconnu en lui, quelqu’un qui, lui aussi, a été victime et a pleuré ainsi, pétrifié, dans une église, à cause d’un homme d’Église et à cause de l’Église. Ce visage habite mon cœur tandis que je vous parle. »

« C’est pour cet enfant qui pleure, petit garçon, petite fille, adolescente ou adolescent, que nous avons réfléchi, travaillé, décidé. » a-t-il poursuivi, citant les versets 40 et 45 du chapitre 25 de Matthieu, « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. Chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait ».

« Il est trop tard, avons-nous dit, samedi, avant-hier, pour consoler cet enfant. Il ne l’est pas de nous souvenir de lui. »

Sur le site de la CEF, un communiqué de presse détaille la réforme et les mesures adoptées par l’organisation catholique. À commencer par la création d’une instance nationale indépendante pour la reconnaissance et la réparation des abus sexuels dans l’Église dont la présidence sera confiée à Marie Derain de Vaucresson, juriste, cadre du ministère de la justice et ancienne défenseure des enfants.

Aussi, ils ont décidé de demander au pape François « de qui ils tiennent leur mission », « d’envoyer une équipe de visiteurs afin d’évaluer cette mission en ce qui concerne la protection des mineurs et de donner, si nécessaire, les suites qui s’imposent à l’issue de leur visite ».

Les évêques de France ont également annoncé que l’indemnisation des victimes serait une de leurs priorités, quitte à puiser dans les réserves des diocèses et de la Conférence épiscopale, à se dessaisir de biens immobiliers ou à contracter un emprunt si cela est nécessaire.

Enfin, ils se sont engagés « pour donner suite aux travaux de l’assemblée plénière avec les personnes victimes et les autres invités » à constituer neuf groupes de travail « composés de laïcs, diacres, prêtres, personnes consacrées, évêques », « hommes ou femmes » dont voici les intitulés :

  • Partage de bonnes pratiques devant des cas signalés
  • Confession et accompagnement spirituel
  • Accompagnement des prêtres mis en cause
  • Discernement vocationnel et formation des futurs prêtres
  • Accompagnement du ministère des évêques
  • Accompagnement du ministère des prêtres
  • Manière d’associer les fidèles laïcs aux travaux de la Conférence des évêques
  • Analyse des causes des violences sexuelles au sein de l’Eglise
  • Moyens de vigilance et de contrôle des associations de fidèles menant la vie commune et de tout groupe s’appuyant sur un charisme particulier.

Parmi les douze « mesures particulières » adoptées en plus par le CEF, les évêques de France ont également voté pour la mise en oeuvre d’un audit externe des cellules d’écoute des personnes victimes, pour la création d’un tribunal pénal canonique national qui rentrera en fonction au 1er avril 2022, ou encore pour la vérification systématique des antécédents judiciaires de tout les agents pastoraux qu’ils soient laïcs ou pas.

Un processus qui aboutira au printemps 2023 à un temps de réception global de ce travail « en collaboration avec les religieux/ses (CORREF) et l’ensemble des forces vives de l’Eglise en France ».

Camille Westphal Perrier

Crédit image : PIKSL - Aurelien KEMPF / Shutterstock.com

Article initialement publié en novembre 2021.


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